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Par le professeur William Dab. Chaire d’hygiène et sécurité du cnam.

Coordonnateur du réseau francophone de formation en santé au travail.

 

Le travail est en crise. Ceux qui en ont expriment parfois une souffrance. Ceux qui n’en ont pas vivent une exclusion sociale. Les plaintes relatives à la santé se multiplient. Une société dans laquelle le travail n’est pas une source d’épanouissement court à sa perte. Il est frappant de constater qu’aucun acteur (syndicats, patronat, administration du travail, médecins, chercheurs…) n’exprime une quelconque satisfaction sur la manière dont sont prévenues et traitées les atteintes à la santé liés au travail.

Lors d’une conférence réunie par le ministre chargé du travail en 2007, les partenaires sociaux avaient unanimement réclamé que soit renforcée la formation des managers et des ingénieurs à la santé au travail. Le ministre avait annoncé une mission, qu’il m’a confiée avec sa collègue chargée de l’enseignement supérieur, visant à proposer un référentiel de compétences pour concevoir des actions de formation appropriées. Avec de nombreux partenaires, notamment l’INRS et le Conseil national pour l’enseignement en santé et sécurité au travail, j’ai proposé ce référentiel en mai 2008.

 

En septembre 2009, le Cnam a reçu le mandat d’animer un réseau francophone pour la formation en santé au travail afin de le promouvoir et lui donner des contenus pédagogiques concrets. Deux points méritent d’être soulignés dans ce contexte. Le premier est que le nœud du problème réside dans les formes de management. La question est moins celle des services de santé au travail que la manière dont la santé est gérée au quotidien dans les entreprises.

La prévention n’est pas juste une question d’experts. C’est une bataille permanente qui se gagne ou se perd sur le terrain. L’encadrement doit donc intégrer la santé dans ses pratiques managériales. C’est pourquoi le référentiel de compétences est centré sur la notion de « posture managériale ». Ceux qui ont des responsabilités dans l’organisation du travail peuvent avoir un impact favorable sur la santé de leurs collaborateurs et certaines organisations peuvent être pathogènes. Cela doit être enseigné à tout manager comme l’est l’anglais ou l’informatique.

 

Deux événements récents renforcent cette approche. D’une part, le rapport Pénicaud, Lachmann et Larose, « Bien-être et efficacité au travail », remis au premier ministre. D’autre part, l’accord conclu par les partenaires sociaux en mars 2010 sur le harcèlement et la violence au travail. Ces deux textes s’accordent pour donner à l’organisation du travail, non un rôle exclusif, mais un poids important qui doit être pris en compte comme tel. L’autre point à souligner est le rôle accordé à la formation. Nous sommes dans un pays où la croyance est fortement ancrée que la formation initiale et continue permet de changer les comportements. Ce n’est pas un enseignant qui va dire le contraire. Mais n’en magnifions pas l’impact réel. Des contraintes lourdes pèsent sur nos entreprises : la concurrence internationale qui force à des gains de productivité, la précarité des marchés qui pousse les entreprises à se battre sans relâche, les évolutions technologiques qui demandent un effort d’adaptation sans précédent, le vieillissement des travailleurs…

 

Les formateurs doivent prendre leur part. Ils doivent enseigner non pas un discours sur la santé au travail, mais une approche permettant à l’encadrement de réaliser des études d’impact sur la santé de l’homme. Après tout, cela est obligatoire pour l’environnement. Il ne serait pas aberrant que ce le soit pour l’homme. Mais cet effort ne portera ses fruits que s’il s’accompagne d’une réflexion globale sur la place du travail dans notre société

 

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