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  • : L'Informations aux salariés
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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 17:45

« Plutôt souffrir que mourir », c’est la devise des hommes, écrivait la Fontaine dans la Mort et le Bûcheron.


Avec ce que prépare le gouvernement, et ce n’est pas une figure de style, ce sera souffrir et mourir.

 

On connaît généralement le différentiel d’espérance de vie entre les ouvriers et les cadres. Sept ans. Une donnée dans les statistiques. Une terrible inégalité devant la mort elle-même. On connaît moins cet autre chiffre. Dans l’état actuel des choses, la probabilité pour les ouvriers de mourir avant 65 ans est de 26 %, un peu plus d’un quart. Ils sont bien mal informés ou ils ont le cynisme bien trempé ceux qui, à l’instar de Dominique Strauss-Kahn l’autre jour à France 2, glosent sur une espérance de vie portée à cent ans. On nous serine le refrain en permanence des pays d’Europe voisins où la retraite est repassée à 65, voire 67 ans. Eh bien à 65 ans, avant d’atteindre la retraite, si elle était reportée jusque-là dans notre pays, un million et demi d’ouvriers seraient déjà morts. Ils ne connaîtront jamais une vie sans travail. La solidarité a laquelle ils auront contribué pendant toute une vie de labeur ne leur servira à rien. Ils auront payé pour les autres, il n’y aura rien à leur payer.

Le tableau que nous publions indique ce qu’il en serait pour les autres catégories sociales, dont les employés qui viennent aussitôt après. Au total, ce sont les hommes et les femmes qui travaillent sur les chaînes de l’automobile, de l’alimentaire, des biens d’équipement, sur les chantiers, dans les services, celles et ceux qui, quoi qu’on en dise, forment le socle de la croissance et de la création de richesses, qui rapportent le plus et coûtent le moins, aussi bien en termes de formation initiale qu’en termes de vie de repos après des années de travail.

On comprend que le Medef et le gouvernement restent fort discrets sur cette formidable injustice et lancent, contre toute démarche scientifique appuyée sur les statistiques de l’espérance de vie, l’escroquerie intellectuelle et le scandale éthique de l’individualisation du départ pour les travaux pénibles. On comprend que le Medef, alors que les négociations sur cette question ont commencé en 2007 avec les syndicats, ait systématiquement joué la montre. Il s’agissait pour lui d’attendre que le pouvoir politique court-circuite ces négociations en répondant, sans le dire bien sûr, à ses souhaits. Ce n’est pas exagéré de le dire. Il s’agit d’une conspiration contre les salariés les plus modestes, les moins payés et ceux que le travail aura le plus épuisés. L’occultation des données statistiques n’est pas seulement un déni, c’est une machine antisociale. Car il s’agit bien de faire d’une grande question qui concerne l’ensemble de la vie en société et la vie du pays une question qui ne concernerait que les seuls individus. C’est dans le droit fil de tout l’arsenal mis en œuvre par le gouvernement pour atomiser la conscience sociale, briser les acquis collectifs et faire des citoyens des variables d’ajustement du marché. C’est aussi une entreprise majeure de contournement des syndicats et de l’action syndicale en faisant du départ en retraite une affaire médicale, avec toutes les dérives et les entreprises de culpabilisation que cela suppose. Suis-je assez malade, Docteur, pour avoir le droit de mourir chez moi et non sur la chaîne  ? Disons-le, 
c’est ignoble. Un gouvernement de la République digne de ce nom devrait prendre à bras-le-corps l’injustice sociale. Le départ avancé pour les travaux pénibles n’est pas une question de compassion, c’est une lutte majeure contre l’inégalité au travail, face à la maladie et face à la mort. C’est ce qu’on est en droit d’attendre de la gauche.

C’est une conspiration contre les salariés les plus modestes, les moins payés, les plus fatigués.

 

Voir notre dossier sur la pénibilité

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 03:44

La Commission Paritaire qui s'est tenue le 28 mai 2010 n'a pas apporté de grandes avancées pour les salariés du Groupe Coop de Normandie Picardie.


Salaires : + 0.50% au 1er Mai pour tous les salariés

Bon d'achat de Noël : 94 € (92€ en 2009)

Ristourne sur Achats : 3.80 % (3.70% en 2009) Le minima de consommation par personne est fixé à 650€ au lieu de 800€

Primes d'Alternance : 0.3050 contre 0.3030 (+1%)

Indemnisation des déplacements pour le déclenchement de l'alarme intrusion (prise en charge par la société des déplacements sur la base des frais kilométrique et indemnisation du temps par un forfait de 20€)


Des négociations vont s'ouvrir pour examiner la situation des Gestionnaires Coin Chaud (une réunion est prévue le 15 juin 2010)

Pour les salariés de Rosbif, négociations dans la deuxième partie de l'année .


Nous reviendrons dans un prochain article sur cette négociation .

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 17:15


Déjouant les calculs du gouvernement, qui misait sur un échec et avait tout fait pour cela, la journée d’action syndicale d’hier a remporté, avec environ un million de manifestants, un plus grand succès que celle du 23 mars.

photo : le défilé à Marseille

 


C’est peu de dire que les syndicats étaient attendus au tournant. Et qu’ils avaient affaire à forte adversité. D’abord la tactique du gouvernement consistant à dissimuler au maximum ses intentions ; il a fallu, on l’a vu, attendre mardi soir pour que le ministre du Travail daigne admettre, du bout des lèvres, que la liquidation de la retraite à soixante ans n’est pas une « option », mais bien son dessein. Et il faudra encore attendre le 20 juin pour connaître le texte précis de la réforme. Ensuite, le déluge de propagande officielle, dans les médias, présentant le durcissement des conditions d’accès à la retraite à taux plein, comme la seule « solution » imaginable pour pérenniser le système. Des directions d’entreprises publiques ont, en outre, joué leur partition en communiquant en direction de leurs salariés pour leur donner à croire, à l’instar de la SNCF, qu’ils ne seraient pas concernés par la nouvelle réforme. Ajoutons à cela une discrétion confondante des journaux sur cette riposte syndicale. Enfin, l’unité du mouvement syndical n’était pas complète. FO, qui prépare son propre rassemblement le 15 juin, avait souhaité, par la voix de son leader, Jean-Claude Mailly, que la journée soit « réussie », mais pas au point d’y participer.

Le cap du million de manifestants

Á l’aune de tout cela, la mobilisation de jeudi apparaît comme un sérieux coup de semonce pour le chef de l’État et son équipe. Dès le début de l’après-midi, le succès semblait assuré, pour l’intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, FSU, Unsa, Solidaires) qui s’était donné l’objectif de « faire mieux » que la dernière journée d’action interprofessionnelle du 23 mars. Un premier bilan de la CGT, portant sur la moitié des quelque 200 manifestations organisées à travers tout le pays, révélait une participation supérieure de 20 %, comparé aux cortèges du 23 mars. Le cap du million de manifestants, au total, semblait devoir être atteint (contre 800 000 il y a deux mois). Des défilés marqués par la présence des partis de gauche et de leurs leaders. Les appels aux arrêts de travail ont, eux aussi, par-delà des inégalités, remporté des succès significatifs : la direction de France Télécom dénombrait 21,5 % de grévistes parmi les 100 000 salariés, contre 17,5 % le 23 mars ; la CGT cheminots annonçait 28 % de grévistes à la SNCF (32 % il y a deux mois), « pas trop mal », « après une campagne (de la direction) sur l’idée que les cheminots ne seraient pas concernés par la réforme, ce qui est faux », notait Laurent Russeil, un dirigeant du syndicat ; La Poste faisait état de 12,8 % de grévistes (11,45 % en mars).


Les débrayages ont également touché de très nombreuses entreprises privées. « Alors que le gouvernement n’a annoncé sa mesure principale, le décalage au-delà des soixante ans (de l’âge légal de départ à la retraite - NDLR) qu’il y a 24 heures, la réaction est relativement rapide », pouvait se réjouir le leader de la CFDT, François Chérèque, en tête du cortège parisien. Avant de promettre : « Il y aura certainement une autre étape. On décidera avec l’intersyndicale si elle doit avoir lieu fin juin ou début septembre ou les deux. » « On peut s’attendre à ce que le gouvernement réfléchisse après la journée d’aujourd’hui. Je crois que le chef de l’État lui-même va être contraint de réfléchir. Même si on ne connaît que les grandes lignes, ce projet (de réforme - NDLR), ça ne peut pas être celui-là », observait de son côté le secrétaire général de la CGT. Pour Bernard Thibault, cette journée était « le point d’appui nécessaire pour convaincre le gouvernement qu’il n’a pas partie gagnée sur son projet et qu’il y a suffisamment de forces pour résister à ses ambitions ». « C’est un parcours de longue haleine, et pas une course de vitesse comme le veut la stratégie gouvernementale.


Le vrai test sera quand on connaîtra vraiment toutes les mesures », remarquait pour sa part le dirigeant de l’Unsa, Alain Olive. « On sent que le gouvernement a peur des réactions », confirmait Annick Coupé, de Solidaires. Á la suite des nombreux sondages montrant que les pistes officielles de réforme sont majoritairement désavouées par l’opinion, le succès de la mobilisation d’hier montre en effet, à tout le moins, que les jeux sont loin d’être faits. Alors que le gouvernement manifestait sa surdité, hier soir, en feignant de voir une « validation » de sa méthode, cette journée constitue, pour l’intersyndicale, un encouragement à prendre de nouvelles initiatives, comme le souhaite la CGT.

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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 19:00
Le gouvernement a tranché les axes de sa réforme sans rien en dire aux syndicats pour ne pas faire grossir la mobilisation de jeudi. Selon les révélations de nombreux médias, vendredi, le projet serait de reculer l’âge de départ à 62 ou 63 ans et d’allonger les annuités au-delà de 42 ans après 2020.

Le scénario est établi depuis des semaines au gouvernement. D’un côté, jouer la montre en faisant traîner en longueur la présentation de ses propres pistes de réforme, pour ne pas donner du grain à moudre à la mobilisation sociale. De l’autre, vouloir prendre tout le monde de court en privilégiant une guerre éclair pour boucler la réforme des retraites en un été, après une phase de pseudo-concertation.

 

Dans ce contexte, les révélations de la presse sur les vrais projets du gouvernement ne pouvaient plus mal tomber pour le pouvoir, quelques jours avant la mobilisation sociale de jeudi prochain. Le ministère du Travail a beau démentir en bloc, les informations parues simultanément sur différents sites Internet de grands médias, vendredi (le Monde, l’Express, les Échos), concordent avec une étonnante précision sur le contenu de la réforme du gouvernement.

Celui-ci se préparerait à démolir l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans dès le 1er janvier prochain, en reculant le seuil d’ouverture des droits à 62 ou 63 ans. Un projet qui reviendrait à revenir sur une conquête sociale de près de trente ans, décidée par la gauche arrivée au pouvoir en 1981, et qu’aucun gouvernement s’étant attaqué à la réforme des retraites jusqu’alors, ni celui d’Édouard Balladur en 1993, ni celui de Jean-Pierre Raffarin en 2003, n’avait osé remettre en cause.


Les salariés ponctionnés


Le gouvernement ne s’arrêterait pas en si bon chemin. La durée de cotisation pour prétendre à une retraite à taux plein serait allongée parallèlement au recul de l’âge légal de la retraite, au-delà du calendrier initial mis en place par la réforme Fillon de 2003, qui prévoit une durée de 41 ans en 2012, pour se prolonger et atteindre 41,5 ans en 2020 et 42 ans et un trimestre en 2030.

 

Des mesures présentées comme indispensables au nom d’une évolution démographique défavorable au ratio actifs-retraités, mais qui en réalité ne suffiront absolument pas pour résoudre le problème du financement du système, selon les prévisions mêmes du gouvernement.

Au-delà de ces paramètres, celui-ci s’apprêterait à faire les poches des fonctionnaires dans le but de récupérer 3 à 4 milliards d’euros de recettes manquantes à l’horizon 2020, en augmentant les cotisations vieillesse. Une solution préférée, paraît-il, à la révision à la baisse du mode de calcul des pensions, car celle-ci rapporterait moins d’argent.

Quant à la soi-disant mise à contribution des hauts revenus au nom de la justice sociale, celle-ci ne devrait rapporter au mieux que 600 millions d’euros, soit sensiblement le montant annuel du bouclier fiscal  : en clair, les plus riches récupéreront d’une main ce qu’ils donneront de l’autre…


Les syndicats confirment le projet


Interrogé par l’AFP, le ministère du Travail a démenti « formellement ces informations », tout comme l’Élysée l’avait fait, au début du mois, au moment des révélations du Monde sur le projet du président de la République de porter l’âge de la retraite en 2030 à… 63 ans.

 

« Tout sera connu au moment de la présentation du projet de réforme autour du 20 juin », s’est borné à déclarer le ministère d’Éric Woerth, tandis qu’à l’Élysée, on répète qu’« aucune décision n’a été prise ».

 

Il n’empêche  : les leaders syndicaux ont eux aussi l’intuition, au vu des éléments en leur possession, que le gouvernement travaille bel et bien à des projets conformes à ce qu’en disent les médias.

 

« Vu les documents écrits et la façon dont le gouvernement mène la discussion, on a vraiment le sentiment qu’il (le gouvernement) va décaler l’âge de départ vers 61 ou 62 ans », a prévenu, la veille des fuites des projets gouvernementaux dans la presse, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, soulignant l’importance pour les salariés de « se mobiliser » dès jeudi.

 

Même pressentiment chez son homologue de la CGT, Bernard Thibault, qui s’est dit convaincu que le gouvernement entend jouer sur « l’âge et la durée de cotisation ». Aujourd’hui, l’UMP tient une importante convention de travail sur ce thème. Sera-t-elle l’occasion d’en savoir plus  ? Mercredi dernier, Valérie Rosso-Debord, députée UMP, a déclaré que son groupe était « très en phase » avec le gouvernement, évoquant même un recul de l’âge légal « par paliers », de 63 à 65 ans…

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 16:37

Une réforme des retraites couleur Medef Avec la retraite par capitalisation ouvertement réclamée par Laurence Parisot, la bande du Fouquet’s bénéficierait d’un fabuleux retour sur investissement.


Laurence Parisot juge que le moment est venu de parler franchement. Elle a réclamé hier la mise en place d’un "nouveau dispositif très incitatif, voire obligatoire, de système de retraite par capitalisation", en complément de la répartition.

 

Cette mesure ne ferait d’ailleurs que s’ajouter au report de l’âge légal au moins à soixante-trois ans puisqu’il s’accompagnerait d’un allongement de la durée de cotisation à quarante-cinq ans.


Le crime est presque parfait : après avoir asséché les ressources de l’assurance vieillesse en comprimant le coût du travail et en obtenant diverses exonérations, le patronat veut désormais rafler la mise des salariés. Ce sont en effet des sommes gigantesques qui échappent aujourd’hui aux marchés financiers et aux spéculations en tous genres. Les banques et les sociétés d’assurances en salivent d’envie depuis des années. Leur rêve ? Lancer à l’assaut des places boursières les capitaux de fonds de pension à la française. Quant aux dégâts, ils seraient réglés par les salariés des entreprises sacrifiés par la voracité des traders et par les retraités qui pourraient perdre leur mise au gré des crises et des dépressions financières.


La bande du Fouquet’s bénéficierait enfin d’un vrai retour sur investissement. Pour l’instant, Nicolas Sarkozy ne leur avait servi que des entrées. Laurence Parisot n’a pas fait cette déclaration au hasard. Elle joue ces jours-ci sa réélection à la tête du Medef et juge le moment propice pour porter l’estocade, espérant l’opinion tétanisée par le sort de la Grèce. Quand elle a présenté son projet, lundi, à ses pairs du Medef, ce fut, dit-elle, « un moment d’exception, de très grande qualité, de grande dignité aussi car il était évident que tous autour de la table nous mesurions la gravité de l’enjeu auquel nous sommes tous confrontés aujourd’hui ».


Et pourtant les ténors du CAC 40 n’en sont pas à leurs premières stock-options ou retraites chapeaux. Les dividendes faramineux, ils connaissent !

Mais là, on passe à une autre échelle en raflant la moitié de l’argent des retraites. La présidente du Medef ne fait pas mine de s’effrayer de l’éventualité d’une contribution des hauts revenus. "Ce n’est pas avec du symbolique qu’on va payer les pensions, c’est une monnaie qu’on ne connaît pas", lâche-t-elle. On l’aura compris, la fameuse taxation annoncée par Éric Woerth se résume à l’argent de poche du gosse de riche et ne mérite pas qu’on s’y attarde.


Joli paradoxe qui voit la patronne du patronat français certifier par ses actes la phrase de Marx : "Le capital, semblable au vampire, ne s’anime qu’en suçant le travail vivant et sa vie est d’autant plus allègre qu’il en pompe davantage".


Quant à Nicolas Sarkozy et François Fillon, ils sont des maîtres d’hôtel parfaits pour ce festin. "Le document d’orientation du gouvernement sur les retraites est un document très largement inspiré par les vues du Medef", vient de déplorer le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, qui ajoute : "La partie n’est pas jouée, prévient-il, ni pour le gouvernement, ni pour les syndicats. Une journée de mobilisation et de manifestations est prévue le 27 mai. Il lui faudra du souffle.

 

 

Voir ici une analyse du texte remis aux syndicats : Une réforme des retraites couleur Medef  

 


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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 18:52

 

Signez  la Pétition en ligne en  cliquant sur le lien en bas

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 04:12

 

Déclaration liminaire de Bernard Thibault, Secrétaire général de la CGT au sommet social du 10 mai 2010

Cette réunion se tient dans un contexte grave et lourd d’enjeux sur de nombreux aspects. Il est particulièrement inquiétant et source d’un fort mécontentement chez les salariés. Le document qui nous a été transmis en fin de semaine a un côté surréaliste. Il fait preuve d’un optimisme sur la situation que nous ne partageons pas. Ce bilan tient en réalité à la bonne tenue de la consommation des ménages en France. La question posée est de savoir si l’on veut qu’elle s’effondre en annonçant comme vient de le faire le premier ministre des années de rigueur. La crise sans précédent en Europe ces derniers jours nécessite un véritable débat concernant la politique économique française et européenne.

1) La CGT n’est pas surprise par les développements actuels des attaques spéculatives contre la Grèce, contre d’autres pays, contre l’euro :
 La CGT n’avait pas souscrit au diagnostic de septembre 2009 du gouvernement sur la reprise. Le critère central pour apprécier la reprise ne doit pas être la performance de certaines entreprises et banques, mais la situation de l’emploi, du chômage et du pouvoir d’achat.
 Il était patent que l’emploi , et notamment l’emploi industriel continuait à se dégrader fortement, que les mesures prises en France comme au niveau international pour mettre le système financier international sous contrôle étaient notoirement insuffisantes.
 Je me permets de citer quelques passages de votre discours prononcé à Genève à la conférence de l’OIT le 15 juin 2009 : « Ce qui est irresponsable c’est de croire que la crise est une parenthèse et que tout va pouvoir recommencer comme avant… Ce qui est irresponsable, c’est de croire que les peuples subiront sans rien dire les conséquences douloureuses de la crise, qu’ils ne réclameront pas plus de protection, pas plus de justice, qu’ils supporteront de nouveau, comme si de rien n’était, les parachutes dorés et les gains mirobolants des spéculateurs payés par leur travail et par leur peine. » Vous aviez même ajouté devant le parlement réuni en congrès en juin 2009 : « ...responsables politiques de droite et de gauche, nous avons fait la part trop belle au capital financier et sans doute trop écouté les discours de ceux qui en même temps qu’ils se scandalisaient de l’endettement public, mettaient de gigantesques leviers d’endettement au service d’une spéculation effrénée. »
 La CGT avait dès l’automne dernier alerté sur le risque de voir les gouvernements européens faire payer la crise par des mesures d’austérité. Le gouvernement qui se défendait d’une telle perspective, commence à en dessiner les contours. Or, la France, comme les autres pays de l’Union européenne, subit plus fortement les conséquences de la crise, alors qu’aux Etats-Unis, la croissance est révisée à la hausse et serait trois fois supérieure aux prévisions crédibles concernant la France. La Commission européenne révise elle à la baisse le taux de croissance potentielle, c’est-à-dire le taux de croissance sur le long terme, en Europe, comme en France.

2) Le recul historique de l’emploi en 2008 et 2009 est loin d’être rattrapé :
 Il n’y a pas lieu de pavoiser à la lecture des derniers chiffres du chômage. Certes, le nombre de chômeurs en catégorie A recule de 0,2% en mars, c’est-à-dire de l’épaisseur du trait, mais toutes les autres catégories explosent.

 En réalité l’emploi se précarise (catégorie C : + 27 %). Le dernier accord en date relatif aux chômeurs en fin de droits se traduit par le développement des contrats aidés et des stages parking, sans solutionner en profondeur les problèmes posés.

 Par contre les dispositifs coûteux comme la défiscalisation des heures supplémentaires qui détruisent l’emploi ne sont pas remis en cause, alors que les avis sont quasi unanimes pour considérer ces dispositifs comme aberrant en période de crise.
Les exonérations de cotisations (salariés et employeurs) liées à cette mesure coûtent 2,7 milliards d’euros au budget de l’Etat. On aurait pu utiliser cet argent pour créer des dizaines de milliers d’emplois, jusqu’à 170 000 emplois payés au Smic. A lui seul, le supplément des heures supplémentaires à cause de cette mesure (environ 100 millions d’heures) équivaut à 60 000 emplois. En l’absence de cette mesure, l’Etat aurait pu au moins disposer de 2,7 milliards euros de plus, et l’emploi aurait pu augmenter d’au moins 60 000 pour le même volume de production.
La baisse de la TVA dans la restauration ne s’est pas traduite, contrairement aux promesses du gouvernement et du patronat, par une hausse de l’emploi et des salaires dans le secteur, ni par une baisse des prix pour les consommateurs.
La réforme de la taxe professionnelle relève de la même logique. Elle va en plus reporter les coûts sur les contribuables via les impôts locaux.

3) banques et marchés financiers, qui ont été sauvés par l’intervention publique veulent faire payer aux salariés et aux retraités le coût de la crise dont ils ne sont pas responsables :
 L’instabilité croissante des marchés financiers témoigne du fait que des centaines de milliards d’euros de l’argent public mobilisé depuis un an et demi pour sauver les financiers et les banquiers n’ont pas mis fin aux causes profondes de la crise en cours, à savoir la déflation salariale et son corollaire la suraccumulation de capitaux financiers. Au contraire, ces interventions ont créé de nouvelles occasions pour les spéculateurs. Les conditions d’aide à la Grèce sont lourdes de conséquences : en plus de l’austérité draconienne, les pays européens se comportent comme des spéculateurs et jouent sur l’effet de levier : ils empruntent moins cher et prêtent plus cher, attendant ainsi un retour de 2 % sur l’aide accordée à la Grèce.
 Les agences de notation, qui ont une part de responsabilité, semblent dicter leur loi aux Etats. Mais de quelle légitimité ces milices privées peuvent –elles se prétendre ? Comment les fauteurs de crise peuvent-ils prétendre aujourd’hui servir à tenir les salariés pour responsables des difficultés économiques ?
 Au delà du caractère proprement indécent de leur attitude, se pose la question des mécanismes financiers qui prévalent dans un système économique mondial dont les réunions telles que le G20, n’ont pour l’instant pas modifié fondamentalement les règles.

4) Rigueur ou austérité nous renvoient dans le mur, c’est ce qui est à l’ordre du jour avec la réforme des retraites

 Prétendre réduire les déficits, par des coupes sombres dans les dépenses publiques et dans la protection sociale, alors que ce sont les recettes fiscales et sociales qui manquent du fait de la crise est une aberration économique.
 Rappelons qu’il a peu le gouvernement vantait les vertus des « amortisseurs sociaux », formule imagée pour désigner en réalité la protection sociale. Celle-ci serait redevenue brutalement un « fardeau ». Dans le même temps, on s’obstine à maintenir le bouclier fiscal qui protège les plus fortunés.
 Rappelons les termes de votre conclusion de Genève : « la crise des années 30 nous enseigne qu’il ne faut pas répondre à la crise en imposant aux salariés des sacrifices si lourds que la reprise serait difficile, voir impossible. »
 réduire les dépenses sociales, les retraites a toutes les chances de déprimer la demande et d’empêcher la reprise annoncée de se produire, aggravant le chômage et prolongeant les pertes de recettes fiscales et sociales qui sont aujourd’hui la seule cause des déficits. C’est aussi dans ce contexte que se présente la réforme des retraites. L’objectif affiché est bien de faire des économies sur le montant des pensions à verser.
A l’argumentaire initial sur la réponse à un problème démographique, est venu opportunément se greffer une explication sur la nécessité de faire des économies pour contenir les dépenses sociales à un niveau acceptable pour les marchés financiers. En fait, la réforme des retraites est devenue l’objet d’un véritable chantage de ces marchés financiers.
La méthode et le calendrier retenus pour la réforme des retraites laissent à penser qu’on cherche d’abord à répondre aux exigences des marchés financiers plutôt qu’à assurer la pérennité du système de retraite par répartition pour les décennies à venir.

5) La question de fond qui se pose derrière le débat sur le coût de la crise et l’évolution des dépenses sociales est celle du partage de la valeur ajoutée :
 Les inégalités de revenu et de patrimoine se sont accrues depuis 2003. .alors que les revenus d’activité n’ont progressé que de 11% depuis 2003, les revenus du patrimoine ont cru de 46%, soit 4 fois plus vite sur la même période(INSEE, revenus et patrimoines édition 2010. Depuis des années l’écart de salaires et de rémunérations se creuse entre les 10 %, les 1 % et les 0,1 % les mieux payés et le reste du salariat.
 La pression actuelle des marchés financiers vise à perpétuer voire à accentuer cette déformation.
 Déjà, la distribution des dividendes des grandes entreprises françaises a fait monter le taux de distribution des profits de 42% en 2009 à 56 % en 2010. La crise n’est pas pour tout le monde.
 Par cette manoeuvre, le retour aux actionnaires a été maintenu malgré des profits en baisse de 20% en 2009 à 47 milliards.
 La masse salariale a elle, reculé de 1,4 %. Cette chute s’explique par une perte de 680 000 emplois en 18 mois, et le blocage des salaires.
 La perte est de 5% pour les systèmes de protection sociale soit 20 milliards pour la seule année 2009.

6) Coordination en Europe, oui. Mais pas pour une politique d’austérité généralisée

De nouvelles solidarités sont indispensables en France tout comme dans l’espace européen.

- Pour des droits sociaux en Europe :

Le social est le facteur d’ajustement dans la construction européenne. Il n’y a pas d’avenir pour une Europe de la précarité. Il s’agit maintenant d’inverser la vapeur, de faire de la promotion des droits sociaux le pivot de cette construction.
Pour sortir de cette crise, une revalorisation du travail pour changer la logique de la construction européenne. L’enjeu fondamental est bien d’en finir avec la déflation salariale et de faire du social le pivot de la construction européenne. Une impulsion salariale est indispensable. Le gouvernement doit prendre l’initiative : coup de pouce au Smic, traitement des fonctionnaires, revalorisation des minima sociaux.

- Pour une politique industrielle :
Une relance industrielle et une véritable révision des politiques publiques, en France tout comme dans l’Union européenne, sont indispensables.
 L’emploi industriel a encore diminué de 173 000 en 2009, deux fois plus qu’en 2008.
 Les suppressions d’emploi en France (selon la direction du Trésor) s’expliquent à 23% par des délocalisations dans les pays émergents, à 40% vers les pays développés et à 37% par les gains de productivité).
 Les états généraux de l’industrie ont largement puisé dans de vielles recettes fondées sur la pression sur les salaires au nom de la productivité comme le suggère cette phrase du document bilan : « L’avenir de notre industrie passe par le maintien d’une politique salariale permettant de renforcer sa productivité par rapport à ses principaux concurrents » (p. 11). De la même manière, peut-on accepter que des financements publics, dont ceux du FSI, s’accompagnent de plans sociaux.
 La CGT continue, après les états généraux de l’industrie, à défendre ses propositions : investir dans la formation et la qualification, créer un pôle public financier et mettre en place un « livret d’épargne industrie » pour que l’argent aille à la production, favoriser le lien production recherche en convenant que les 4,5 milliards du crédit impôt recherche ne garantissent en rien que le développement des recherches débouche sur la production en France. Enfin il faut élargir la démocratie sociale pour contrebalancer le pouvoir des actionnaires.

- Pour une véritable maîtrise du système financier européen. Les attaques spéculatives contre l’euro étaient prévisibles. Elles ne sont pas inévitables. Dans l’immédiat, trois séries de mesures peuvent être prises :
 1°) Il faut confirmer la possibilité pour la BCE d’acquérir des obligations d’Etat.
 2°) Il faut maîtriser l’usage que les banques font du crédit en instaurant un mécanisme de taux d’intérêt différentiés afin de réduire l’effet de levier et dissuader les opérations spéculatives.
 3°) Il faut revoir la logique du pacte de stabilité et de croissance et ses fameux critères concernant le déficit budgétaire et la dette publique. En particulier, il convient de sortir les investissements publics du calcul du déficit budgétaire.

Le sentiment d’injustice s’est très largement répandu parmi les salariés aujourd’hui. Il est fondé que pour certains c’est « à tous les coups on gagne » et pour la majorité des autres, c’est « à tous les coups on perd ». Ce sentiment sera-t-il atténué à l’issue de cette rencontre ?

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 05:20

 

Les organisations syndicales CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA appellent à une journée nationale de mobilisation

jeudi 6 mai 2010

Communiqué commun des organisations syndicales : CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA

 

Emploi, salaires, retraite : tous mobilisés, rassemblés et exigeants !

 

Dans un contexte économique et social caractérisé par une situation de l’emploi dégradée, des difficultés de pouvoir d’achat et une aggravation des conditions de travail pour de nombreux salariés, dans le public et dans le privé, en France et en Europe, les organisations syndicales CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA réaffirment que la sortie de crise passe par des politiques publiques en faveur d’une relance économique intégrant la satisfaction des besoins sociaux.

Avant même que le Président de la République ne réunisse un "sommet social" le 10 mai 2010, le Premier ministre annonce un gel des dépenses de l’Etat pour les 3 ans à venir. Les organisations syndicales CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA condamnent cette annonce et considèrent que la réduction des déficits ne peut être envisagée sans assurer la cohésion sociale et la réduction des inégalités, en particulier par une fiscalité plus redistributive.

Donner la priorité à l’emploi stable, améliorer les salaires et le pouvoir d’achat, réduire les inégalités, réorienter la fiscalité vers plus de justice sociale, investir pour l’emploi de demain par une politique industrielle prenant en compte les impératifs écologiques et par des services publics de qualité restent nos objectifs communs.

Concernant les retraites, elles rappellent que l’emploi "en quantité, en qualité et qualifié, reconnu et valorisé" doit devenir une priorité dans les entreprises et les administrations pour redonner du sens au travail, à la société toute entière. C’est une source de financement incontournable pour assurer le devenir et la pérennité de notre système de retraites par répartition basé sur la solidarité intergénérationnelle. Une plus juste répartition des richesses, la réduction des inégalités, l’égalité entre les Femmes et les Hommes au travail s’imposent aussi pour garantir à tous un bon niveau de vie à la retraite. L’âge légal de départ en retraite à 60 ans doit être maintenu. La pénibilité du travail doit être reconnue et ouvrir des droits à un départ anticipé à la retraite.

La concertation en cours, le calendrier extrêmement serré imposé n’offrent pas une qualité de dialogue social acceptable pour répondre à un tel enjeu de société, d’autant que les seuls éléments de la réforme proposée restent le recul de l’âge légal de départ à la retraite et l’allongement de la durée de cotisation dans un cadre budgétaire constant.

Pour toutes ces raisons et dans un cadre unitaire, les organisations syndicales CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA appellent les salariés, les retraités, les jeunes et les privés d’emploi à une journée nationale de mobilisation le jeudi 27 mai 2010 pour interpeller ensemble les pouvoirs publics, tous les employeurs et peser sur les choix à venir.

Elles appellent l’ensemble de leurs organisations à se rencontrer pour décider, dans les entreprises et lieux de travail, d’actions unitaires de haut niveau donnant lieu à des grèves et des manifestations interprofessionnelles dans les territoires.


Le 6 mai 2010

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 04:44
Paul Fourier, dirigeant confédéral de la CGT, conduit la délégation qui participe 
aujourd’hui à la manifestation d’Athènes pour témoigner du soutien des salariés français.

Vous vous envolez pour Athènes à la tête d’une délégation de la CGT. Porteur de quel message  ?


Paul Fourier. D’abord que les organisations syndicales françaises et singulièrement la CGT sont solidaires du peuple grec. Nous voulons apporter un soutien mais également donner notre avis sur ce qui s’est passé, le rôle de l’Union européenne ou des agences de notation.

Il ne fallait pas voter le plan d’aide à la Grèce  ?


Paul Fourier. Il fallait trouver de l’argent pour les Grecs mais il fallait absolument éviter que des pays fassent des bénéfices en empruntant sur les marchés à des taux inférieurs aux prêts qu’ils accordent à la Grèce. Il n’y a pas eu de réelle solidarité des États mais une discussion de marchands de tapis où les égoïsmes nationaux se sont exprimés. La zone européenne qu’on a construite, où les pays et les peuples devaient être solidaires, n’est qu’une zone de libre-échange libérale.


Et que dire des sacrifices demandés au peuple grec  ?

Paul Fourier. Que les remèdes risquent fort d’être pires que le mal  ! On s’attaque au pouvoir d’achat des salariés, des retraités, des familles. La consommation intérieure va en pâtir et le pays va entrer dans un cycle qui sera producteur de chômage, de décroissance et de pauvreté. Ça risque d’exploser une seconde fois au nez de l’Union européenne.


Bernard Thibault dénonce la pression des agences de notation à propos de la réforme des retraites. Y a-t-il analogie avec la Grèce  ?

Paul Fourier. Oui, nous pensons à la CGT que la précipitation avec laquelle le gouvernement mène la réforme des retraites ne correspond à aucune urgence (le régime des retraites ne va pas s’effondrer demain matin) mais qu’elle est imputable à la crainte de voir la note de la France se dégrader du fait des déficits publics. Ça montre le peu d’indépendance des pays de la zone européenne et la toute-puissance d’institutions privées telles que ces agences.


François Fillon explique qu’on ne peut pas faire l’euro avec des pays où l’âge de la retraite c’est soixante ans et d’autres où c’est soixante-sept ans.

Paul Fourier. Je trouve ça assez gonflé de sa part. Depuis des années, les organisations syndicales en Europe se battent pour l’harmonisation sociale et fiscale. Pour des mesures régressives on veut l’uniformisation, mais aucune harmonisation par le haut pour lutter contre le dumping social.


Comment les salariés français peuvent-ils se montrer solidaires des salariés grecs  ?

Paul Fourier. C’est une bonne chose que les syndicats français comme la CGT soient aujourd’hui à Athènes. La Confédération syndicale européenne y sera aussi, avec son secrétaire général, John Monks. Il faut montrer que c’est dans tous les pays européens qu’on s’attaque aux retraites, aux salaires, aux dépenses publiques.


Entretien réalisé par Olivier Mayer

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 17:06

 

 

 


Elargissement de l'assiette de cotisation, participation des revenus financiers, fin des exonérations... Eric Aubin, membre de la direction confédérale de la CGT, expose les solutions de son syndicat pour sauver le système de retraite par répartition.

 

Bibile : Comment sortir du tryptique allongement de la durée de cotisations / baisse des pensions / hausse des prélèvements ? Existe-t-il d'autres solutions ?

 

Eric Aubin : Oui, la CGT a d'abord posé la question de l'emploi, qui nous semble fondamentale pour régler la question du financement des régimes, puisque nous avons aujourd'hui des jeunes qui entrent en moyenne à 23 ans sur le marché du travail, qui subissent la précarité et ensuite qui sortent prématurément, à 58 ans et 9 mois, de l'activité.

 

La CGT propose d'augmenter le niveau d'activité entre 20 et 60 ans. Ensuite, nous proposons de trouver de nouvelles ressources pour nos régimes. D'abord l'élargissement de l'assiette de cotisation, qui a fait l'objet d'un rapport de la Cour des comptes en 2009, qui pointait que le manque à gagner pour nos régimes de retraite était de l'ordre de 3 milliards.

 

Nous proposons également que les revenus financiers des entreprises soient mis à contribution. Cela représente environ 20 milliards d'euros.

 

Troisième proposition : nous pensons que les règles de calcul de la cotisation sociale basé sur la base salariale pénalisent l'emploi et les politiques salariales des entreprises. C'est la raison pour laquelle nous proposons de moduler la cotisation en fonction du rapport masse salariale-valeur ajoutée.

 

Nous proposons ensuite que soient stoppées les exonérations de cotisations sociales, qui n'ont eu aucun effet sur le niveau d'emploi. Nous pensons que cette proposition, liée à la modulation, peut permettre d'aider véritablement les entreprises en difficulté et dégager ainsi 10 milliards de ressources supplémentaires.

 

Enfin, nous proposons d'augmenter la cotisation employeurs, ce qui n'a pas été fait depuis 25 ans, et en dernier ressort, si nécessaire, d'augmenter la cotisation salariés, qui se disent dans les sondages pas opposés à cette augmentation à condition de leur garantir un niveau de retraite convenable à 60 ans.

 

Hibou : La CGT est-elle prête à accepter un recul sur l'allongement de la durée de cotisation ?

 

Eric Aubin : Non, la CGT n'acceptera pas d'allongement de la durée de cotisation, car nous considérons que la première conséquence serait une baisse du niveau des pensions. La situation de l'emploi a pour conséquence que les salariés ont de moins en moins le plein de leurs droits au moment où ils font valoir leurs droits à retraite. Augmenter la durée de cotisation veut dire appliquer une décote qui pénalisera le retraité.

 

Guépard :  Pourriez-vous accepter un recul de l'âge de départ en retraite ?

 

Eric Aubin : L'âge de cessation d'activité aujourd'hui est de 58 ans et 9 mois en moyenne. L'âge légal de départ en retraite est de 60 ans. Et l'âge effectif de liquidation des droits est de 61 ans et demi. Concernant l'âge légal à 60 ans, nous ne sommes pas là que sur du symbolique, puisque plusieurs centaines de milliers de demandeurs d'emploi se verraient finir leur carrière aux minima sociaux, puisque nous avons vécu en 2009 des évolutions législatives, notamment la suppression de dispense de recherche d'emploi, qui permettait à des salariés de 57 ans et demi d'attendre l'âge de la retraite sans être obligés de rechercher un emploi.

 

Dans le même temps, nous avons eu la mise en place de l'ORE (offre raisonnable d'emploi), qui oblige un salarié à reprendre un travail même moins rémunéré que le précédent, sous peine de se voir supprimer les allocations chômage. Enfin, l'allocation équivalent retraite, qui permettait à des salariés qui avaient le plein de leurs droits mais pas 60 ans de bénéficier d'une allocation les conduisant jusqu'à l'âge de la retraite, a été supprimée.

 

Ces modifications, dans une situation de l'emploi telle qu'on la connaît aujourd'hui, auront d'énormes conséquences sur ces demandeurs d'emploi en termes de revenus pour vivre. C'est la raison pour laquelle la CGT s'oppose formellement au report de l'âge légal de départ en retraite.

 

Fernand : Etes-vous d'accord pour aligner les retraites du public et du privé par le haut, ne serait-il pas temps que les fonctionnaires fassent un peu plus preuve de solidarité avec leurs camarades du secteur privé ?

 

Eric Aubin : Il y a beaucoup de fausses idées sur les règles de calcul concernant la retraite du public, puisque les salariés du secteur public bénéficient d'une référence sur les six derniers mois, mais les primes qui peuvent parfois représenté 40 % de leurs revenus ne sont pas prises en compte. La CGT propose, au-delà des règles de calcul pour obtenir son niveau de pension, la mise en place d'une maison commune des régimes de retraite, avec la mise en place d'un socle de droits communs. Les trois principaux droits étant la garantie de la retraite à 60 ans, un taux de remplacement égal à 75 % de son dernier revenu d'activité dans le public et des dix meilleures années dans le privé, et enfin, une reconnaissance de la pénibilité par un départ anticipé.

 

La différence sur les mois de référence entre le dernier salaire du public et les dix meilleures années du privé repose sur le fait que les carrières sont très différentes selon que l'on travaille dans le privé ou dans le public. Le dernier salaire dans le public est souvent le plus élevé car il y a une carrière linéaire. Dans le privé, le dernier revenu est souvent plus faible que les précédents. Cela est lié à la précarité de l'emploi dans le privé.

 

Que pensez-vous de la retraite des parlementaires ?

 

Eric Aubin : La CGT n'entend pas opposer les salariés entre eux. Cependant, proposer aux salariés des sacrifices alors qu'ils considèrent qu'il y a des injustices qui ne sont pas prises en compte – ce qui est notamment le cas des régimes des parlementaires – ne peut être accepté par eux.

 

Guest : L'Elysée fait fuiter une info disant qu'il pensait repousser progressivement la retraite à 63 ans alors que les syndicats commencent à négocier avec le ministre du travail... Est-ce une stratégie ? Comment l'interprétez-vous ?

 

Eric Aubin : J'ai réagi hier dans les médias sur cette question, en disant que nous étions assez surpris de la méthode puisque nous avons en ce moment même non pas des négociations, mais une concertation qui vise à faire connaître nos propositions. Nous avons l'impression que si nous sommes écoutés, nous ne sommes pas entendus pour autant.

 

Le gouvernement a choisi de lancer des ballons d'essai et attend les réactions, qui n'ont pas tardé, sur le sujet, puisque l'ensemble des organisations syndicales – sauf la CGC – se sont dites opposées au report de l'âge légal de départ en retraite.

 

N.W:  Craignez-vous l'attitude de la CFDT, qui pourrait signer un accord, comme en 2003 ?

 

Eric Aubin : Nous ne sommes pas dans des négociations, donc il ne devrait pas y avoir de texte à signer. Nous sommes aujourd'hui inscrits dans un travail entre organisations syndicales, auquel ne participe pas Force ouvrière, choix qu'ils ont fait, qui vise à porter ensemble des propositions auprès du gouvernement. C'est notamment le cas concernant l'emploi, tant en qualité qu'en quantité, concernant la pénibilité, l'égalité homme-femme, et une nouvelle répartition des richesses. Sur cette base, nous entendons poursuivre ce travail dans l'unité.

 

Few : Comment évaluez-vous le risque de voir les jeunes générations refuser de poursuivre le jeu de la répartition et de la solidarité intergénérationnelle si elles perdent confiance dans la pérennité du système à 20-30 ou 40 ans ?

 

Eric Aubin : Un des défis à relever est de redonner confiance aux jeunes dans notre système de retraite par répartition solidaire. La meilleure façon de leur redonner confiance, c'est d'abord de leur dire qu'ils auront une retraite. Ensuite, il faut leur garantir qu'à 60 ans ils auront le choix de rester en activité ou de partir en retraite. Avec un niveau de pension leur permettant de vivre dignement. C'est la raison pour laquelle la CGT propose de revoir la notion de "carrière complète", qui vise à permettre d'obtenir des droits à retraite pendant les périodes d'études et pendant les périodes d'inactivité forcée.

 

Babilons : Alors que les syndicats grecs appellent à une grève générale de 24 heures le 5 mai pourquoi la CGT avec l'intersyndicale n'en ferait pas de même avant les congés de l'été ?

 

Eric Aubin : La situation européenne montre que les salariés sont amenés à payer le prix de la crise alors qu'ils n'en sont en rien responsables. La CGT, pour sa part, s'est inscrite dans l'intersyndicale en France, dont une réunion est programmée jeudi 6 mai, pour envisager les suites du 1er Mai, qui a rassemblé 350 000 manifestants. La CGT proposera une nouvelle action avant la fin mai pour peser sur le projet de loi qui doit nous être présenté à la mi-juin.

 

Musaraigne : Pensez-vous qu'un plan de rigueur à la grecque se prépare en France ?

 

Eric Aubin : Nous ne sommes pas à l'abri de ce qui se passe dans d'autres pays, à savoir que des agences de notation privées attribuent des notes aux Etats, qui ont des conséquences très graves sur les taux d'intérêt payés par ces mêmes Etats et qui peuvent les mettre en difficulté financière. Aujourd'hui, la Grèce est concernée, mais déjà le Portugal et l'Espagne sont pointés du doigt.

 

Cheval : Quelle conséquence a le faible taux d'emploi des seniors sur les retraites ?

 

Eric Aubin : La CGT ne se focalise pas sur l'emploi des seniors, car nous considérons qu'il y a un problème d'emploi global. Le taux d'activité des 20-30 ans et des 50-60 ans est le plus faible d'Europe. Nous avons donc une focalisation de l'activité sur les 30-50 ans, ce qui n'est pas sans conséquence sur les conditions de travail et le mal-être au travail. A 50 ans, un salarié compte les années qui lui restent à faire pour sortir de l'activité, ce qui est un vrai problème qui doit trouver des solutions si l'on veut que les salariés restent en activité.

 

Biloute : Quelle influence les syndicats peuvent encore avoir sur la réforme des retraites dans notre contexte de crise ?

 

Eric Aubin : Les organisations syndicales ont une lourde responsabilité dans la période, et c'est la raison pour laquelle la CGT travaille à l'unité la plus large et regrette que certains syndicats se soient mis à l'écart de cette unité. La mobilisation des salariés sera essentielle pour peser sur le projet de loi que nous concocte le gouvernement, qui doit être présenté début juillet au conseil des ministres. Le rendez-vous ne se termine pas pour autant, puisque le débat parlementaire dès le mois de septembre sera l'occasion pour les salariés de se mobiliser de nouveau pour peser auprès du Parlement.

 

La CGT appelle donc tous les salariés à participer à la construction de leur avenir, et notamment pour un régime de retraite par répartition solidaire leur assurant un départ à 60 ans et un niveau de pension leur permettant de vivre dignement.

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